Cérémonie du 8 mai 2022.

    Retrouvez le discours du Maire Claude Sturni au Monument aux Morts :

    "Mesdames, messieurs,

    En ce 8 mai 2022, nous sommes rassemblés pour faire mémoire de la fin, en Europe, de la 2ème guerre mondiale.
    Il y a 77 ans, le 8 mai 1945 à 15h, le Général de Gaulle annonça au Peuple de France, « la guerre est gagnée, voici la victoire ! C’est la victoire des nations unies et c’est la victoire de la France »
    La date du 8 mai 1945 est une des dates clefs de l’histoire européenne : c’est la date anniversaire de la fin des combats en Europe, après la capitulation du régime nazi, au terme d’un conflit sanglant de près de 6 ans qui aura fait entre 50 et 70 millions de victimes civiles et militaires, dont plus de 6 millions dans les seuls camps de la mort, Juifs, opposants politiques, tziganes, homosexuels, personnes ne correspondant pas au standard aryen, assassinés méthodiquement, industriellement, scientifiquement pour avoir été en marge d’un rêve insensé et fou de « race pure ».

    Le 24 avril dernier, journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, nous étions présents ici au monument aux morts, avec les autorités militaires et civiles, avec les associations patriotiques pour nous en souvenir, pour faire que rien de ce qui s’est produit ne soit oublié et transmettre le message aux générations futures.

    Mesdames, messieurs, il faut répéter que les camps de concentration et leurs millions de morts ne sont ni de simples dérapages de l’histoire, ni des détails de l’histoire ni des faits de guerre mais ils sont la conséquence inéluctable, mécanique, criminelle de la haine de l’autre instaurée en système politique, de discours et d’idéologies antisémites, racistes et xénophobes qui ont aujourd’hui à nouveau pignon sur rue et qui comme Hitler, parlent de guerre de civilisation, et visent à transformer la misère en haine, et la haine en mode de gouvernement.
    Le 8 mai 1945, c’est la victoire des droits de l’homme contre les crimes contre l’humanité.

    Pour que cette barbarie, ne se reproduise, les peuples d’Europe se sont unis dans un chantier titanesque : construire la paix. Ce fut là, la plus grande victoire du 8 mai et l’Union Européenne si souvent critiquée nous a permis de vivre en paix, certes, mais fragile : les guerres yougoslaves de 1991 à 2001, avec leur lot d’épuration ethnique et de crimes contre l’humanité en avaient déjà démontré les limites.

    Aujourd’hui, l’atmosphère n’est pas à la fête : les fléaux de la guerre et de la pandémie ont brutalement surgi au cœur de nos vies.

    Nous ne sommes pas encore sortis de la crise liée à la pandémie de Covid 19 qui a fait des centaines de milliers de morts, que nous venons de basculer dans une nouvelle crise d’une toute autre nature, que notre mémoire collective voulait enfouir : la résurgence sur le sol européen des guerres interétatiques, avec une effroyable brutalité des crimes perpétrés.

    L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe et cette guerre avec son lot de morts, de blessés, de réfugiés, de crimes contre l’humanité, de viols des femmes, de torture, nous sidère et précipite la sortie de notre croyance d’une Europe occidentale définitivement en paix.

    Vladimir Poutine, le président ultranationaliste russe, anti-européen convaincu vient dans sa haine de l’occident, jusqu’à nous menacer de l’arme nucléaire, ce qui, compte tenu des stratégies militaires en matière de guerre nucléaire, notre bouclier atomique, signifierait la fin de l’humanité voire de toute vie sur terre.

    Préfigurant en cela les paroles de Kennedy, « l’humanité devra mettre un terme à la guerre ou la guerre mettra un terme à l’humanité ».

    En bloquant nos approvisionnements en matière d’énergie, mais aussi de produits alimentaires, cette guerre avec ses conséquences menace profondément l’économie mondiale fondée sur le libre-échange.

    Demain, 9 mai ; c’est la Journée de l’Europe. Alors quel message adresser à nos concitoyens ?

    N’en déplaisent aux partis europhobes ou eurosceptiques, souvent et étonnement même pro-poutine, il nous faut plus d’Europe, plus d’intégration, plus de cohésion et plus de solidarité européenne.

    Cela passe déjà par la mise en œuvre d’une véritable Europe de la défense, trop souvent remise aux calendes grecques pour des histoires d’alliance, de coûts et de pacifisme béat.
    Mais les guerres ne sont pas que militaires : elles sont aussi économiques et culturelles.

    Cela passe par plus d’Europe pour accroitre notre indépendance en matière de ressources énergétiques ; Cela passe par plus d’Europe pour atteindre la sécurité alimentaire.

    Cette Europe a besoin d’un véritable sursaut d’esprit et d’engagement européens, à tous les niveaux et au sein de tous les peuples. Il nous faut une Europe plus forte, moins dispersée, plus autonome.
    Cette Europe mérite toute notre attention et tout notre engagement et la mobilisation de chacun, quelles que soient les convictions politiques.

    « Ceux qui aiment la paix doivent apprendre à s’organiser aussi efficacement que ceux qui aiment la guerre » s’exprimait Martin Luther King.

    Si cette journée du 8 mai est la journée du souvenir et de la mémoire sur l’oppression, elle doit plus que jamais nous rendre actif pour construire notre avenir ensemble.

    L’Europe nous a montré que les ennemis d’hier peuvent être nos amis d’aujourd’hui. Je pense bien sûr aux liens qui nous lient à nos voisins allemands.

    L’actualité nous montre que les amis d’hier peuvent être les ennemis d’aujourd’hui.

    Je vous remercie".